Mutilé par son amie
Le Journal ― 27 avril 1914
Malgré cinq ans de vie commune, Émile Daucourt, polisseur, âgé de trente
ans, et sa maîtresse, Marie Pécret, une forte femme de trente-cinq ans, ne formaient
pas un couple parfait. Une discussion plus violente encore que celles qui fréquemment
troublaient le petit logement où, ils s'étaient installés, 95, rue Broca, éclatait
samedi soir entre eux. La querelle, cette fois, se termina par le départ de
Marie Pécret.
Resté seul, le polisseur, ne pleura guère son abandon ; il se coucha tranquillement
et s'endormit sans autre souci. Hier matin, il devait avoir un triste réveil.
Vers 5 heures, une douloureuse piqûre à la cuisse gauche l'arrachait, en effet,
à son sommeil, et le spectacle de sa compagne, revenue insidieusement et penchée
sur lui, une paire de ciseaux à la main, ne fut pas pour calmer son émoi ; il
se débattit et saisit la mégère au chignon. Mais une souffrance, terrible lui
fit bientôt lâcher prise. A l'aide de son arme sa maîtresse venait de lui infliger
une mutilation aussi douloureuse qu'humiliante.
Des voisins, des agents accoururent ; on transporta d'urgence le blessé à
l'hôpital
Cochin, et l'on entraîna sa compagne au poste de la rue de la Butte-aux-Cailles.
Interrogée au cours de la matinée par M. Delanglade, commissaire de police
du quartier de la Maison-Blanche, Marie Pécret assura, en sanglotant, qu'elle
n'avait jamais eu l'intention de frapper aussi cruellement son amant. A l'en
croire, elle serait revenue au domicile de ce dernier — trop facilement prodige
de ses écus — pour lui enlever le montant de sa paye hebdomadaire. Émile Daucourt
ayant conservé son pantalon et son porte-monnaie dans sa poche, elle avait tailladé
l'étoffe pour prendre l'argent ; un coup de pointe malhabile avait éveillé le
dormeur. En se débattant, au cours de la scène qui suivit, elle avait alors
par accident blessé si, malheureusement son compagnon !...
Le blessé, par contre, jura, en la maudissant, que sa maîtresse avait prémédité
et voulu l'odieuse mutilation.
Lui s'en tirera, espère-t-on, à la suite d'une heureuse opération de suture,
avec quelques semaines d'hôpital. Quant à sa terrible compagne, elle a été envoyée
au Dépôt.
Communiqué
DE LA MOUSSE CONTRE DU FEU
On a enfin trouvé en France le ,vrai moyen de se sauvegarder contre le
feu. Les appareils employés projettent dix fois leur contenu en une. mousse
qui recouvre instantanément tout foyer et arrête toute combustion. Ils s'imposent
partout et, sont fabriqués par la Société « Le Parfait », R Bonnet et Cie,
• 30, rue Marjolin, à Levallois-Perret. Catalogue B franco.
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