Un ménage devenu la terreur des environs
Le Figaro ― 15 septembre 1875
À propos du drame de la rue des Prairies, nous donnions hier quelques détails
sur ce quartier éloigné de Paris. Voici aujourd'hui un autre crime, commis tout
à fait aux antipodes, dans un autre quartier aussi excentrique, mais bien plus
mal habité encore.
Rue du Moulin-des-Prés, non loin de la Bièvre, à l'angle du chemin qui conduit
à la Glacière, habitait depuis longtemps un ménage qui était devenu la terreur
des environs. Le mari était un de ces industriels qui, le soir sur le boulevard
vous abordent mystérieusement pour vous offrir des joncs véritables à treize
sous, des livres défendus ou des photographies obscènes. La femme et les filles
avaient des métiers au moment aussi étranges.
Quant à l'intérieur de la maison, on le connaissait peu. Il ne faisait pas
bon y aller, surtout si c'était pour y réclamer le montant d'une dette. On était
reçu par toute la bande, qui vous tombait dessus à coups de bâton, de pierres
ou de pioche, et il fallait déguerpir au plus vite, sous peine d'être assommé.
C'est ainsi qu'a été reçue hier une voisine, qui avait aidé ces gens dans
un travail et qui, ayant voulu insister pour être payée, a été tellement maltraitée
qu'elle a succombé dans la nuit.
Sur le rapport des voisins, toute la famille a été arrêtée.
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