Les étrangleurs des Gobelins
Rafle fructueuse.
Le Matin — 24 mars 1895
M. Cochefert, chef de la Sûreté, a, la nuit dernière, jeté un beau coup de
filet dans quelques-uns des repaires où grouille la pègre de Paris.
Depuis longtemps déjà un grand nombre d'attaques nocturnes se produisaient
dans le quartier des Gobelins. La spécialité des malfaiteurs qui, presque chaque
nuit, dévalisaient les passants, était le coup classique dit « du Père
François ». D'où, cette mention « les étrangleurs des Gobelins » fréquemment
insérée dans les journaux. Les commissaires de police de l'arrondissement avaient
fait en vain plusieurs enquêtes, et le service de la Sûreté avait été chargé
de retrouver cette bande.
Les recherches furent longues et difficiles. Enfin des agents acquirent la
certitude que la plupart des étrangleurs avaient pour lieu de rendez-vous deux
bars situés l'un, 102, avenue de Choisy, l'autre au coin du boulevard de la
Gare. Les deux établissements, tenus l'un par un sieur Jacquot, l'autre par
un sieur Dupont, communiquaient ensemble par un long couloir qui permettait
aux malfaiteurs de s'enfuir si un agent de police était signalé.
M. Cochefert résolut alors de prendre, s'il était possible, d'un seul coup
de filet, toute la bande. Vers minuit, il se rendit avenue de Choisy, accompagné
de- M. Hamard et d'un nombre respectable d'agents. Des gardiens de la paix requis
gardaient toutes les issues.
L'arrivée du chef de la Sûreté, ceint de son écharpe, produisit parmi les
nombreux consommateurs attablés l'effet d'une tête de Méduse. Il y eut un mouvement
d'affolement indicible mais l'attention de M. Cochefert fut aussitôt détournée
par des cris de « Au secours ! au secours ! » partant d'une
pièce voisine. Il se hâta d'y entrer et vit un homme affaissé sur une table
et perdant beaucoup de sang. C’était un très honnête ouvrier, nommé Sollier,
égaré par hasard dans ce bouge, et qu'une fille venait de frapper d'un coup
de couteau la lame s'était brisée sur l'omoplate.
On emporta le pauvre diable au poste le plus voisin, où des soins empressés
lui furent prodigués.
Puis, M. Cochefert revint à ses voleurs. Cinquante-quatre individus furent
conduits au poste, où le chef de la Sûreté passa la nuit à les interroger.
Quarante ont été envoyés au Dépôt, ce sont tous des souteneurs et repris
de justice, et sur beaucoup on a trouvé tout le matériel du parfait cambrioleur.
Un certain nombre avaient pu, cependant, profiter du moment où l'attention
de M. Cochefert et des agents avait été détournée par l'incident de Sollier,
pour se débarrasser des armes et des outils suspects dont ils étaient porteurs.
Le sol, sous toutes les tables, en était jonché.
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