L'Accident de la Poterne des Peupliers a fait 300,000 francs de dégâts
Le Journal ― 29 janvier 1912
Mettant à profit les loisirs d'un dimanche ensoleillé, près de vingt
mille Parisiens ont défilé hier, sous la poterne des Peupliers, pour se
rendre compte des dégâts causés par l'accident de samedi soir. La
circulation, qui est toujours interdite aux voitures, avait été
partiellement rétablie vers onze heures pour les piétons. Une porte donnant
accès à l'allée qui s'engage sous l'aile droite de la poterne était restée
fermée. C'est de ce côté, comme nous l'avons dit- que le fléau a exercé ses
ravages.
On pouvait redouter que la voûte, lézardée sur divers points, ne vint à
s'écrouler.
Le spectacle était sinistre. Sur la route gisaient encore les énormes
blocs de pierre arrachés au parapet du boulevard Kellermann ou au mur des
fortifications. En arrière-plan c'était le talus éventré sur près de cent
mètres, et l'on voyait, par l'énorme brèche, dans l'enchevêtrement des
moellons et des arbres fracassés, les deux conduites rompues. L'eau
qui emplissait le fossé faisait, en avant, un petit lac boueux.
Les ingénieurs du service des eaux et de la Ville de Paris sont revenus
dans la matinée pour essayer d'établir nettement les causer de
l'accident. La version que nous donnions reste admise. La rupture de la
première conduite serait due au brusque changement de température qui s'est
produit il y a deux jours.
Nous vous avons signalé que quatre conduites traversaient la chaulée du
boulevard Kellermann. Quelques fissures ayant été observées hier dans une de
celles qui n'ont pas éclaté, ― elle amène l'eau du Lunain et mesure 1 m,50
de diamètre, ― les vannes qui en règlent le débit ont été fermées.
La fréquence des accidents analogues à celui d'hier, à la poterne des
Peupliers, ayant surpris les habitants du quartier, qui ne sont plus,
maintenant, sans appréhensions, certains avaient parlé de sabotage ou
de malfaçon, à l'origine des travaux d'installation. Un ingénieur nous a
assuré que ces suppositions n'étaient pas fondées et que l'accident de
samedi n'avait rien d'anormal.
― C'est un véritable fleuve, nous a-t-il expliqué, qui passe sons le
boulevard Kellermann, à la poterne des Peupliers : il suit la courbe de la
vallée de la Bièvre. La pente qu'il emprunte donne naturellement à son tour,
une vitesse, donc une force exceptionnelle. Il suffit dès lors qu'une petite
fissure se fasse à cet endroit de faible résistance ou qu'une jointure se
relâche, ― phénomènes fréquents, mais sans grande importance ailleurs, ―
pour que l'accident se produise avec la gravité que vous savez. Le seul
remède, ce serait l'installation des conduites en galeries souterraines.
Mais la réalisation de ce projet coûterait une vingtaine de millions à la
Ville. Peut-être va-t-on l'envisager. Cependant!...
D'après une estimation approximative, et dans l'hypothèse de la
reconstruction de tout le revers droit de la poterne, les dégâts causés
s'élèveraient à près de trois cent mille francs.
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