Lu dans la presse...
Les sinistrés de la rue Charles-Bertheau attendent en vain
un logement et des secours
Paris-Soir ― 17 novembre 1937

Les 84 sinistrés de la rue Charles-Bertheau ont manifesté
pour obtenir de la ville de Paris des logements ou un secours
suffisant.
Rappelons brièvement les faits. Il y a sept ou huit ans, des
infiltrations dues aux égouts se produisaient, menaçant les
immeubles et le sol de la « voie privée Charles-Bertheau ». On
fit aussitôt des réparations, mais insuffisantes puisqu'il y a
eu d'autres alertes.
Aucune vie ne fut sérieusement menacée, jusqu'au 7
novembre dernier, où des affaissements de terrains provoquèrent
une panique générale. Des immeubles, subitement, se
lézardèrent. Les habitants se réfugièrent avec leurs enfants
dans des hôtels ou chez des amis.
Le lendemain, l'émotion s'apaisait un peu au vu des travaux
qui furent aussitôt entrepris. Des madriers énormes barrant la
rue se dressèrent entre les façades, soutenant les murs
défaillants, bouchant portes et fenêtres. En même temps de
profondes tranchées crevèrent le sol.
Il ne reste de la rue Charles-Bertheau qu'un étrange chaos
d'étais et de poutres, à travers lequel court une mince piste
de bois. Cette piste est la seule voie d'accès des locataires.
La nuit cet apocalyptique paysage s'éclaire de trois lanternes
rouges clignotantes.
Le drame d'une rue
Les 22 propriétaires des immeubles modestes, mais dont
certains sont récents, se sont adressés à la ville de Paris,
sollicitant des avances de fonds.
La réponse de l'Hôtel de Ville fut assez catégorique : «
Vous aurez de l'argent à 5 % pour les réparations de la rue,
mais rien pour les immeubles. » Le litige s'accentua, et depuis
plus de cinq semaines rien n'a été fait.
Évidemment on s'est arrangé comme on a pu. Les uns à
l'hôtel, les autres chez des parents ou des amis, les vieux à
l'hôpital. Cependant cela ne peut durer. Les locataires
sinistrés de la rue Charles-Bertheau sont de modestes
travailleurs et, pour beaucoup, les conditions d'existence sont
des plus dramatiques.
— L'hôtel, nous dit-on, coûte un minimum de 50 francs par
semaines, et il est impossible d'y prendre les repas. Si bien
que les frais de restaurant s'ajoutent à ceux de l'hôtel.
Certains cas sont particulièrement émouvants : tel celui de
Mme Culoz qui, mariée depuis quatre ans, n'a pas droit à un
secours parce que son mari est étranger, bien qu'il réside
depuis plus de dix ans en France. D'autres cas de sinistrés qui
ont des enfants et qui connaissent le chômage sont lamentables.
Mais il y a pire. Des secours ont été refusé à une femme qui a
des enfants, parce qu'elle habite depuis moins de deux ans dans
la rue.
Des secours insuffisants
Des secours ont cependant été versés par l'Assistance
publique : 9.000 francs en tout pour 84 personnes, plus les
enfants. Et cela pour plus de cinq semaines ! Alors que la
plupart de ceux qui vivent à l'hôtel ont dépensé
hebdomadairement un minimum de 250 francs depuis le 7 octobre.
A l'Hôtel de Ville on fait observer que la loi ne prévoit
aucun secours et que le placement des sinistrés dans de
nouveaux logements est extrêmement difficile.
Quoi qu'il en soit, depuis le 7 octobre, 84 personnes vivent
dans des conditions d'hygiène désastreuses.
Qui donnera le million qui assurerait aux habitants de la
rue Charles-Bertheau la paix et la sécurité dans des immeubles
convenables ?
H.-F. Pottecher.
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