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SIXIEME ANNÉE N°4996

 

209ème jour de l'année

   


Vendredi
27
Juillet 1897

 Le scandale des Folies-Bergère évité - 15 avril 1897

Le scandale
des Folies-Bergère évité

Une indisposition de commande.
Intervention du préfet de police. — Exhibition interdite

Le Gaulois — 15 avril 1897

Le Gaulois avait signalé avec une indignation légitime les débuts prochains, sur la scène des Folies-Bergère, de l'ex-princesse et nos confrères, convaincus comme nous du scandale formidable que cette exhibition devait fatalement soulever, nous avaient emboîté le pas. Notre juste appel a été entendu. La « débutante » ne débutera pas. Nous en sommes un peu la cause et nous nous en félicitons hautement. En cette circonstance, M. Lépine a droit à nos remerciements et nous les lui marchanderons d'autant moins qu'on sait que les fonctionnaires de la république nous donnent rarement l'occasion de les féliciter.

On lira plus loin à la rubrique du « Courrier -des spectacles » la note officielle que le théâtre des Folies-Bergère nous a adressée pour nous faire savoir que l'ex-princesse ne débutait .pas ce soir sur la scène de la rue Richer.

Cette note nous montre la débutante empêchée par un état maladif d'une certaine gravité. Il y est question d'influenza, de fièvre intense, de complication pulmonaire. A la vérité, et fort heureusement pour l'héroïne en cause, sa santé est excellente et les raisons pour lesquelles les amateurs de scandales ne. la verront pas ce soir sont à un ordre-tout à fait différent.. Les voici dans toute leur simplicité.. Hier matin, M. Marchand, directeur des-Folies-Bergère, était appelé chez le préfet de police, qui lui demandait officieusement de renoncera faire débuter celle qui sur l'affiche devait porter le nom de l'ex-princesse.

Le scandale, prétendait le préfet, serait extraordinaire et des renseignements qui lui étaient fournis, il ressortait que la débutante serait huée, qu'une foule de gens s'étaient procurés des sifflets à roulette et qu'on lui jetterait à la face des lapins vivants, des pelures de pommes de terre et d'autres objets innommables.

M. Marchand répondit au préfet qu'il redoutait autant que lui ce scandale et que si la « débutante » consentait à renoncer à ses projets de paraître sur son théâtre,  il s'en montrerait fort heureux pour sa part. D'ailleurs il craignait si fort les manifestations brutales qu'il avait interdit qu'on servit aucune consommation dans la salle et qu'il avait fait supprimer les petits bancs et les lorgnettes automatiques.

— Puisque vous partagez mon avis lui, dit le préfet, voyez l'ex-princesse, et tâchez qu'elle ne soit pas hostile à nos sages projets.

» D'ailleurs, je vais la convoquer pour ce soir, six heures, et je vous prie de revenir à mon cabinet à la même heure. »

Puis, congédiant M. Marchand, le préfet ajouta :

— Allons, je commence à croire que nous parviendrons peut-être à éviter tout scandale.

A six heures précisés, M. Marchand arrivait à l'hôtel du boulevard du Palais, où, depuis un quart d'heure, la débutante l'avait précédé. L'héroïne fut reçue la première. Le préfet fit valoir à ses yeux les motifs les plus sérieux qui devaient la détourner de s’exhiber à la foule. Comme la « débutante » semblait ne pas goûter ces raisons et qu'elle prétendait avoir le droit de débuter, le préfet lui fit comprendre qu'il ne voulait prendre officiellement aucune mesure vexatoire avant la représentation, mais que si celle-ci était scandaleuse, ce qui était absolument certain, il se verrait dans la nécessité cruelle de sévir en fermant le théâtre où elle aurait eu lieu et en invitant peut-être la «débutante » a quitter le territoire français — mesure qu'il la suppliait de ne pas l'obliger à employer.

Puis, très amicalement, très paternellement, M. Lépine insista sur des questions d'ordre privé.

Il fut éloquent et persuasif, car à six heures et demie précises, l'ex-princesse, très émue, renonçait à paraître sur la scène des Folies-Bergère.

Ce début à sensation n'aura donc pas lieu, et le scandale que nous redoutions et qui eût été plus formidable que nul ne peut le soupçonner, est heureusement étouffé.

La Presse a quelquefois du bon !

*
*      *

En quittant l'hôtel du Palais, Mme Clara Ward est rentrée à son hôtel, où à peine installée, elle a reçu la visite d'un médecin, elle n'a pas eu de peine à jouer le rôle de malade qui doit expliquer au public sa décision de ne pas paraître aux Folies, car elle était effectivement souffrante.

Le docteur a indiqué l'ordonnance suivante:
Prendre par jour, en deux ou trois fois, deux à trois cuillers à potage de la potion suivante, diluée dans un verre de tisane de mauve :

    Acétate d'ammoniaque 15 gr
    Alcool de racine d'aconit 30 gouttes
    Sirop de codéine 100 gr.
    Eau de fleurs d'oranger 40 gr.

Mme Clara Ward n'a pas décidé encore si elle resterait à Paris ou si elle repartirait pour Berlin, où des offres brillantes lui sont faites par la Belle-Alliance, un music-hall renommé sur les bords de la Sprée.

Ce que nous savons, c'est qu'aujourd'hui même l'héroïne de ce petit roman doit aller poser chez un de nos grands photographes dans le costume suggestif qu'elle devait endosser aux Folies-Bergère.

Enfin, cette tragédie finit heureusement en opérette Mme Clara Ward renonce au théâtre, en France du moins, et rentre ainsi dans la vie privée. Nous n'avons plus à nous occuper d'elle, et nous espérons bien qu'il en sera toujours ainsi.

Ajoutons que Mme Clara Ward qui s'est sagement abstenue d'envoyer du papier timbré au Gaulois aurait moins sagement décidé d'en adresser à un de nos confrères.

Maubersac

 Les Causes de l’Anthropophagie - 1897

Les Causes de l’Anthropophagie

Les savants ont longuement recherché en ces dernières années quelles étaient les causes et les origines de l'anthropophagie, dont les horribles coutumes subsistent encore puisque, il y a deux ou trois ans, un de nos compatriotes était dévoré par les indigènes de la côte de Guinée.

L'anthropophagie est-elle une manière d'honorer les morts et de s'assurer par l'absorption de leurs restes l'héritage des vertus guerrières dont ils ont fait preuve ? Ou ne faut-il voir en cet usage qu'une coutume où la gourmandise seule trouve son compte Les deux opinions ont été détendues.

Voici qu'un égyptologue anglais de grand renom, M. Flinders Petrie, apporte une intéressante contribution à l'étude de cette question. Dans un article que reproduit la Revue des Revues, il invoque le témoignage d'un document vieux de trois mille ans, exhumé d'une nécropole non loin du Caire, qui montre que le cannibalisme était pratiqué par les habitants du pays.

En des festins funèbres, on mangeait les bras et les jambes de ceux que l'on voulait honorer. Cette cérémonie que plusieurs Pharaons s'efforcèrent d'interdire se maintint longtemps en Égypte malgré les peines qui frappaient ceux qui y participaient.

Ce fait s'ajoute à nombre d'autres desquels on peut inférer qu'une véritable psychologie se liait aux actes d'anthropophagie et que ceux-ci n'étaient pas toujours dictés par un grossier matérialisme. Lorsqu’un grand guerrier mourait dans un combat, les survivants, les vainqueurs, estimaient que l'occasion était bonne de s'approprier son courage en mangeant sa chair et en buvant son sang. Dans certaines tribus de la Polynésie, on considérait que manger ses parents c'était leur faire des funérailles plus honorables un rite religieux s'associait ainsi au cannibalisme, et les vieillards très résignés annonçaient eux-mêmes les agapes pieuses où se disperseraient leurs dépouilles. Peut-être ces pratiques se sont-elles maintenues dans quelques îles perdues de l'océan Pacifique.

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M. Flinders Pétrie nous assure que les sauvages de l'Amérique du Sud disent encore : « II vaut mieux finir dans le ventre d'un ami qu'englouti dans la terre froide. Dans nos régions glaciaires, les Ostiak et les Samoyèdes pensent que les anciens auront une vie future plus douce et plus heureuse si on les mange auparavant. C'est aussi l'opinion de quelques Thibétains. C'était dans l'antiquité celle des Massagètes qui d'après Strabon, « aimaient mieux, mander leurs parents ou leurs amis devenus vieux que les abandonner à la morsure des vers ».

Il est constant que la plupart des anthropophages ne mangent nullement de la chair humaine poussés par le besoin. On peut citer à ce propos les Cafres, qui se livraient à leurs sanglantes hécatombes au milieu de l'abondance et sous un climat fertile. Chez eux, l'anthropophagie parait avoir été représailles de guerre ; peut-être entendaient-ils enlever aux vaincus même l'honneur de la sépulture.

Maintenant, il est indéniable qu'en certaines contrées les festins de chair humaine n'ont pas d'autre cause que la gourmandise. C'est, notamment, une nourriture usuelle dans quelques tribus congolaises voisines de nos possessions ou résidant même sur notre territoire. On se rappelle qu'il y a sept ou huit ans les cannibales du Haut-Oubanghi ont massacré et mangé un sous-officier français et les dix noirs qu'il commandait.

Dans l'Oubanghi, il ne se passe pas de jour que l'un ou l'autre village n'immole une victime destinée à faire les frais d'un repas. C'est tantôt la mort d'un chef qui sert de prétexte, tantôt la glorification d'une victoire, tantôt l'annonce d'une bonne nouvelle c'est aussi la jalousie et l'orgueil qui s'en mêlent, et tel chef luttera contre tel autre roitelet de village pour avoir la renommée d'immoler le plus grand nombre d'esclaves.

Souvent, un esclave est acheté par le chef, nourri, engraissé à grand renfort de bananes et de manioc, pour servir à un festin public. Dans le village, chacun s'intéresse à ce prisonnier dont la valeur gastronomique est pendant longtemps l'objet des conversations : « Vraiment, sa peau est brillante, ses muscles sont fermes, il n'y a pas trace d'ulcères la chair paraît bonne ; ce sera un fin régal », disent les commères. C'est ainsi que dans nos famille villageoises on engraisse le porc, et lorsqu'on le tue vers la Noël c'est fête pour la famille et les amis.

De l'avis des cannibales, la chair humaine constitue un manger fort délicat et possède une saveur supérieure à celle des animaux. Les Bassas de Sumatra disaient à Marsden (History of Sumatra) que la plante des pieds et la paume des mains, grillées, étaient particulièrement excellentes, parce qu'il y a beaucoup de parties tendineuses, comme dans les pieds des jeunes chameaux. D'autres anthropophages ont avoué leur préférence pour les morceaux de la cuisse et de l'épaule. Quand la victime est un blanc, la joie est à son comble dans la bande des convives. « La chair de l'homme blanc a un goût de banane mûre », disait un Polynésien, grand amateur de noces et festins. Un chef Catta avouait en ces termes à un missionnaire sa passion pour cette sorte de nourriture : « Dis tout ce que tu voudras, dis que c'est horrible, inhumain, atroce, mais ne dis pas que c'est mauvais. »

Juvénal n'a-t-il pas consigné lui-même dans ses écrits une opinion analogue et n'a-t-on pas vu, au temps de l'empereur Commode, des Romains raffinés dam le luxe de la gourmandise pousser la passion jusqu'à goûter de la chair humaine ? Cela se passait dans cette même époque où Vedius Pollion faisait engraisser les murènes de ses viviers avec la chair des esclaves qu'il condamnait à mort. Par perversion, on peut donc revenir aux pratiques du cannibalisme. On prétendait, récemment, qu'il y avait beaucoup de cannibales ignorés parmi les habitants du Brésil : un de ces anthropophages de race blanche était condamné à mort pour de nombreux meurtres par le Tribunal de Minas-Geraes il y a quelques années.

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L'anthropophagie n’est pas particulière à telle ou telle race. Elle a régné chez toutes les races d'hommes noires ou blanches, basanées ou cuivrées. Dans notre pays, de nombreuses traces de cannibalisme ont été observées par les savants au milieu des débris de l'âge de bronze. C'est à des actes d'anthropophage qu'ils attribuent la présence d'ossements humains fracturés et brisés dans les grottes de l'Ariège, de l'Ardèche, dans les stations lacustres de Hobenbausen et de Saint Aubin en Suisse, dans les cavernes du Portugal et de l'Espagne, etc.

« Avec nos anthropologistes et ethnographes contemporains, dit M. La Bonnardière, il faut s'habituer à l'idée que nos premiers ancêtres ont pu pousser la sauvagerie jusqu'à l'anthropophagie et convenir avec MM. Gérard de Rialle et Carl Vogt que l'anthropophagie indique chez les peuples primitifs une culture relative. D'après Carl Vogt, l'anthropophagie est un de ces usages qui forment un passage général et par conséquent nécessaire de tout développement de la civilisation humaine, et les tribus adonnées au cannibalisme sont en général plus avancées dans l'agriculture, les arts, la législation, que les tribus qui repoussent ces horreurs.

Des vestiges de la coutume anthropophagique se retrouvent ainsi chez presque tous les peuples du Nord. Pline la signalait chez les Scythes et les Sarmates Strabon, chez les Massagètes. Diodore de Sicile accuse les Bretons habitant l'Irlande de partager le même goût pour la chair humaine. Une horde d'Anglais qui envahit la Gaule au quatrième siècle observait encore le vieil usage.

Valensol.

Le Petit Parisien - 28 juillet 1897

L'actualité dramatique

 LE DRAME DE LA PLACE DES VICTOIRES - 2

LE DRAME DE LA PLACE DES VICTOIRES

II paraît hors de doute maintenant que M. le comte de Malmignati, dont nous avons raconté hier la tragique aventure, place des Victoires, a été la victime d'un dément alcoolique.

Rue de Buffon, 5, on nous a déclaré qu'Octave Blin avait habile l'immeuble d'août 1895 au.8 octobre dernier.

— Il vivait alors avec sa seconde femme et un enfant qu'il en avait eu, nous dit le concierge. Il n'était reste que neuf mois en ménage avec sa première femme et le divorce avait été prononcé entre eux.

» Blin s’était remarié, mais sa seconde femme fut obligée de le quitter et d'emmener son enfant. Les brutalités de son mari n'étaient pas supportables. Blin, qui, était alors porteur au panier, ne parvenait pas à gagner sa propre vie. Son père, ancien boucher en province, lui payait son loyer et l'entretenait pour ainsi dire.

» Blin a fait ses études au lycée de Blois et a un frère médecin de la mariné. Sa sœur est mariée à un huissier de Pau.

» Il n'est nullement anarchiste et ne s'est jamais occupé de politique. Il buvait énormément et il ne saurait y avoir de doute. Il a agi sous l'influence d'un accès de folie alcoolique, »

Même note rue Poliveau, 17, où Blin, nous l'avons dit, était allé habiter en quittant la rue de Buffon. Il rentrait chaque jour dans un état d'ébriété avancé, toujours gorgé d'absinthe, prodiguant grossièretés et menaces. Depuis dimanche, nous ne l'avions pas vu.

» Blin ne faisait jamais de politique. Tous les locataires sont unanimes à croire à un accès de folie alcoolique.

» D'autre part, le parquet n'exclurait pas toute préméditation de l'acte inqualifiable accompli par Blin.

» Car il a maintes fois déclaré.et verbalement et par écrit, qu'il « ferait un coup d'éclat pour déshonorer sa famille ».

Nous l'avons dit, la blessure du comte de Malmignati n'est pas grave. Le cuir chevelu, seul a été entamé, et les médecins ont recousu sa blessure, qui paraissait tout d'abord horrible.

M. de Malmignati est très affaibli par l'énorme quantité de sang qu'il a perdu.

Le Gaulois — 9 janvier 1897

 Claude Robin ouvrier couvreur

Claude Robin ouvrier couvreur, avait passé toute la soirée de dimanche avec sa maîtresse, Marie Jacques, dans un débit de vins d'Aubervilliers. Tous les deux avaient beaucoup bu, Robin surtout qui avait à faire à Marie une confidence pénible. Il y avait quatre ans qu'ils vivaient maritalement mais Claude avait assez de cette existence et il voulait rompre avec sa compagne. Vers une heure du matin, il s'ouvrit de ce beau projet à Marie. Il n'avait pas encore déduit toutes les raisons militant, d'après lui, en faveur de cette détermination de sa part, dure mais nécessaire, qu'il tombait frappé d'un coup de couteau en pleine poitrine.
Pendant qu'on s'empressait auprès du blessé, la meurtrière prenait la fuite. On n'a pu l'arrêter qu'hier matin, chez elle, rue de l'Union.
Claude Robin dont l'état est très grave a été transporté à l'hôpital Lariboisière.

Le Figaro - 3 août 1897

 RAFLE DE VAGABONDS

RAFLE DE VAGABONDS

Un charmeur de rats

La Sûreté a opéré l'avant-dernière nuit une rafle parmi les vagabonds qui cherchent un abri sous les ponts. Quarante-cinq individus ont été arrêtés. Sous le pont des Arts, les agents se sont livrés à véritable chasse à l'homme pour s'emparer des vagabonds abrités dans les ferments servant de soutien au tablier du pont. Pour ne pas tomber dans la Seine, les malheureux qui passent la nuit sous ce pont s'accrochent avec leur ceinture et leurs bretelles. Lorsqu'ils ont vu les agents, ils se sont sauvés d'arche en arche pour gagner l'autre rive, mais des agents les y attendaient et les ont capturés au fur et à mesure de leur arrivée.

Parmi les individus arrêtés se trouve un type très curieux, un nommé Émile Schwartz, âge de quarante ans, qui est sans domicile depuis vingt ans. Schwartz qui parcourt la France à pied, de village en village, est un barnum d'un nouveau genre. Il montre des souris blanches et des rats, qu'il loge sur sa poitrine, au-dessus de la ceinture de son pantalon. En même temps que lui, les agents ont amené à la Sûreté ses pensionnaires. Une odeur insupportable due aux croûtes de fromages avariées et aux fruits gâtés dont Schwartz nourrissait rais et souris, s'échappait des poches du vieux vagabond.

Quand on a fouillé Schwartz, les inspecteurs durent sortir de leur asile rats et souris et les déposer à terre. Chose curieuse, aucun de ces animaux ne se sauva et tous se groupèrent autour de leur maître. Ils attendirent derrière la porte du cabinet de M. Cochefert que leur maître sortit de chez le chef de la Sûreté.

Schwartz a été remis en liberté hier matin, et il a quitté la Sûreté avec ses rats et ses souris, qui y avaient trouvé un asile momentané.

Le Gaulois — 10 septembre 1897
Flash janvier

Dans l'actualité du ...

 3 février

Mercredi
3 février 1897

Une dépêche de Saint-Pétersbourg nous apporte de bien meilleures nouvelles sur l'état de santé de l'impératrice de Russie qui, depuis quelque jours, était assez souffrante. Les docteurs ont permis à Sa Majesté de se lever et l'appétit de l'auguste malade est entièrement revenu. L'Empereur et l'Impératrice reviendront à Saint-Pétersbourg vendredi prochain.


Reine des Halles !...

Hier soir, à neuf heures, dans le sous-sol d'une brasserie du boulevard Sébastopol, entre une polka et une valse, la société « Là Renaissance des Halles » a procédé à l'élection de sa reine pour la cavalcade de la Mi-carême.

Les candidates toutes jeunes et jolies (il ne faut décourager -personne) étaient Mmes Julia Diétry, marchande de couronnes, Angèle Pradier, idem; Lucie Reyer, marchande de fleurs et Mlle Marie Bourdillon, demeurant chez sa mère, marchande de tabac.

Par huit voix contre sept, Mme Angèle Pradier a été proclamée élue. Gentille, vraiment, en son corsage de velours noir, cette enfant de la rue du Pont-Louis-Philippe. Vingt et un ans, brune piquante, l'air aimable, plus de fossettes que de joues, en son petit logis du boulevard Sébastopol, ou à son éventaire du pavillon 7 des Halles;; elle soupiré après son tapissier de mari, actuellement aux chasseurs à pied; et qui, comme patriotique souvenir, lui a laissé trois petits garçons.

La demoiselle d'honneur est Mlle Émilie Coppart, dix-sept ans, dévideuse de soie le garçon d'honneur, M. Albert Gerbaux, dix-neuf ans, garçon boucher.

Et maintenant, à jeudi l'élection de la reine des reines !


Le divorce a ses agréments, mais il a aussi ses petits déboires.

La petite commune de Saint-Jean-Brévelay, dans le Morbihan, est actuellement sens dessus dessous par suite du refus du maire de procéder à un mariage parce que l'un des futurs conjoints était divorcé. Ce maire, M. Gillet, est hostile au divorce, et plutôt que d'en reconnaître la légitimité, il envoya sa démission au sous-préfet.

Le sous-préfet délégua alors ses pouvoirs à l'adjoint, mais celui-ci refusa, comme le maire, de procéder au mariage, et, à son tour, il envoya sa démission. Tous les conseillers municipaux, successivement sommés par le sous-préfet, refusèrent également d'obtempérer et démissionnèrent comme un seul homme.

De là, grand remue-ménage administratif et judiciaire le préfet parle de révocations, le procureur de la République de poursuites. Et pendant ce temps, comme dans la fable de l'astrologue, les fiancés attendent toujours qu'on vienne les tirer de là.

Prenons-les en pitié et rappelons à ce sous-préfet un peu novice qu'il y a un certain article 85 de la loi municipale de 1884 qui dit « Dans le cas où un maire et un adjoint refuseraient de procéder à un des actes qui leur sont prescrits par la loi, le préfet peut y procéder à leur place ou y faire procéder par un délégué spécial. »

Que le préfet ou son sous-préfet se hâtent donc d'unir ces âmes en peine. C'est peut-être ce qu'il y a de plus urgent. Pour révoquer et pour poursuivre, on aura bien toujours le temps!


Les rayons Rœntgen seraient-ils bons à tout comme certains remèdes de guérisseurs populaires

De graves doutés s'étant élevés sur l'authenticité d'un Christ couronné d'épines, propriété d'un amateur de Munich, qui affirmait être en possession d'un Albert Durer, incontestable, on eut l'idée d'appliquer les rayons X à la fameuse toile.

0 miracle le cliché reproduisit, non seulement des détails disparus sous le noircissement du temps, mais le monogramme de Durer, souligné du millésime 1521, et de deux lignes d'inscription latine très clairement lisibles.


Toute la presse a été unanime à signaler le très brillant éclairage électrique des salons de l'ambassade d'Allemagne, lors de la grande réception de samedi dernier. Renseignements pris, nous croyons utile d'informer nos lecteurs que ce résultat est dû à la parfaite installation de la Société anonyme Cance, qui non seulement exécute des installations de grandes gares, comme les gares Saint-Lazare et Montparnasse ; ou de grands magasins comme ceux du Bon Marché, du Gagne-Petit, d'Old England, etc., mais, depuis plusieurs années déjà, met toute son expérience en matière d'électricité au service des installations privées.


L'heureux gagnant de la maison de campagne meublée que M. Dufayel faisait tirer, dimanche, en tombola gratuite, à ceux de ses employés ayant au moins cinq ans de présence est un vendeur du rayon de meubles nommé Lemistre: II a été distribué ensuite 85,000 francs de gratifications aux employés les plus méritants et la fête s'est terminée par un bal où l'entrain ne le cédait point à la gaieté.


M. le président de la République a reçu M. Émile Risacher, qui lui a remis le premier exemplaire de l'Annuaire des Artistes, qui vient de paraître.

Cet annuaire, dont le succès va grandissant, contient cette année plus de 1,000 pages et 300 gravures de documents sur le théâtre et la musique.

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Flash janvier sans titre 1

A. ALLAISLe bon mot
d'Alphonse Allais

 Tout ce qui est public devrait être gratuit. L'école, les transports et les filles.


266. Le 9 septembre 1897, le Président de la République, Félix Faure, était encore allé chasser.

La Madone


Conversation entendue en wagon : « Par ce temps de hâle, votre teint est toujours aussi frais, aussi pur, aussi rosé. Comment faites- vous, chére amie ? C'est bien simple ! j'ai soin de me poudrer avec la poudre de riz « La Madone », qui est excellente et d'une finesse sans pareille. Je ne saurais plus m'en passer. Où se vend-elle ? Chez n'importe quel parfumeur. La vente en gros est 26, rue d'Enghien. »
 Un garçon de recettes disparu - les aveux

Un garçon de recettes disparu

Les aveux des assassins

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 Le cyclone d'Asnieres

Le cyclone d'Asnières

18 juin 1897

Beaucoup de Parisiens ont maudit l'averse qui les surprenait hier soir à cinq heures. C'est cependant à cette pluie diluvienne que des centaines d'habitants de Colombes et d'Asnières doivent de ne point figurer sur la liste des victimes du cyclone qui s'abattit à la même heure sur la banlieue nord-ouest de Paris, y faisant sur deux cents mètres de large et dix kilomètres de longueur, une traînée de dévastation furieuse.

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Coup de filet policier

Les braconniers d'eau douce donnent, depuis quelques jours, de la besogne aux agents de l'autorité.

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Drame d'amour

Deux jeunes gens, un soldat de première classe du 9ème régiment de chasseurs, en garnison à Longwy, Emmanuel Desnoyelles, âgé de vingt-deux ans, et Léonie Poulain, ouvrière, originaire de Saint-Denis, âgée de vingt-six ans, venaient, le 8 de ce mois, louer une chambre à l'hôtel de Paris, 37, rue de Maubeuge.

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 VOULOIR, C'EST POUVOIR - l'univers illustré 1895

VOULOIR, C'EST POUVOIR

Ce qu'on souhaite bien toujours se réalise :

Un muet désirait acheter du Congo,

Savon qu'il savait pur et de douceur exquise ;

Il fil un effort tel qu'il prononça ce mot.

Un témoin, au Savonnier Victor Vaissier.

Nouvelles à la main

Au cercle. Un joueur à son voisin de tapis vert:

Au cercle.
Un joueur à son voisin de tapis vert:
— Prêtez mois dix louis..... Je vous les rendrai demain sans faute.....
Le voisin hésite et après dix secondes de réflexion
— Ma foi! non. fait-il. J’aime mieux les perdre..!.. C'est plus sûr !

 Cette folle élucubration nous rappelle les fameuses charades

Cette folle élucubration nous rappelle les fameuses charades dans lesquelles le Victor Hugo des âges pénibles se complaisait
— Mon premier, disait le grand poète, est la réponse d'un client à un menuisier qui lui a compté sur sa facture tes copeaux qu'il n'a point livrés. Mon second est la fin de l'homme, et mon tout un plat fort connu.
Et comme son interlocuteur restait abasourdi, Victor Hugo ajoutait triomphant :
— C'est bifteck aux pommes.
La réponse du client à l'auteur de la facture était en effet: «Biffe tes copeaux ! » s'il faut en croire l'immortel auteur de la Légende des siècles.

 A Potinville-sur-Mer

A Potinville-sur-Mer

— Comment! ils en sont là, après six mois de mariage...

— Oui, ma chère, à canifs tirés !

Le jeune Micha finit de manger s

Le jeune Micha finit de manger son dessert. Comme il l'a trouvé bon, il en redemande :
— Donne-moi-z-en encore un peu, dit- il à sa mère.
— On ne dit pas donne-moi-z-en un peu, rectifie celle-ci.
— Oui, c'est vrai, réplique l’enfant ; on doit dire : « donne-moi-z-en. Beaucoup ! »

 Les deux adversaires se rendant

Les deux adversaires se rendant au lieu de rendez-vous dans le bois de Vincennes, se rencontrent au guichet de la gare de la Bastille.

X... demande un billet aller et retour.

― Vous êtes donc bien sûr de revenir ? dit Z... narquois.

— Absolument sûr.

— Alors je vous fais des excuses, poursuit Z... subitement radouci.


Echos et nouvelles

 Et la pluie continuait de tomber

Et la pluie continuait de tomber !

Depuis que le pluviomètre à l'usage des observatoires a été inventé, c'est-à-dire depuis plus de deux cents ans, il ne s'est jamais rencontré, paraît-il, un mois de septembre aussi mouillé qu'en l'an de grâce 1897.

Aussi les météorologistes sont fort embarrassés d'expliquer ce phénomène. Songez donc que l'observatoire de la tour Saint-Jacques a enregistré dans l'après-midi d'hier, de midi à trois heures seulement, 10 millimètres d'eau ! Cela représente une moyenne de 100 mètres cubes d'eau par hectare.

On essaye de nous consoler en nous rappelant le souvenir de journées plus désagréables encore, celle du 10 septembre de l'année dernière, par exemple, qui, par suite d'une trombe, de funeste mémoire, nous gratifia de 50 millimètres d'eau dans le court espace de deux heures et demie. Mais toutes ces consolations ne valent pas un bon parapluie !

Le Gaulois — 7 septembre 1897

 CANOTAGE AÉRIEN - 1897

CANOTAGE AÉRIEN

Avec les beaux jours vont recommencer les parties nautiques aussi bien dans l'espace qu'au fil de la rivière, au grand dol des imprudents et des inexpérimentés.
On se souvient du triple naufrage aérien de l'an dernier et qui causa mort d'homme. Or, voici que le 14 Juillet a ouvert pour cette année la sombre série.
AAfin d'éviter le périodique retour de ces catastrophes, la Société française de navigation aérienne, qui a formé toute une pépinière d'aéronautes scientifiquement et pratiquement instruits, vient d'adresser à tous les maires une circulaire les mettant en garde contre les faux aéronautes et les suppliant de n'accorder de permis d'ascension qu'à ceux dont l'expérience et les connaissances techniques sont dûment établies par le témoignage écrit des maîtres ès aérostation. On pourra donc ainsi goûter les joies du plein air sans risquer d'être envoyé dans l'autre monde.

Le Figaro - 18 juillet 1897

 Une nouvelle et curieuse manifestation du mouvement féministe !

Une nouvelle et curieuse manifestation du mouvement féministe !

Il y a quelques jours, un des médecins-chefs de service à l'hôpital de Clerkenwell, à Londres, remarqua, durant sa visite, qu'une des infirmières avait les doigts de la main droite tachés de nicotine, de ces taches particulières aux fumeurs de cigarettes.
Interrogée, la jeune fille répondit qu'en effet elle fumait, mais que c'était seulement en dehors de ses heures de présence dans la salle et dans sa chambre.
Le médecin observa les mains des autres infirmières et put s'assurer que la plupart fumaient la cigarette.
Il signala le fait au Conseil d'administration qui ordonna aux infirmières de renoncer immédiatement au tabac. Toutes répondirent par un refus.
L'enquête faite par le Conseil avait permis de constater qu'aucune des « nurses » ne fumait ailleurs que dans sa chambre.
En vain, les médecins objectèrent-ils que les traces de nicotine laissées sur les doigts des fumeuses pouvaient présenter des inconvénients et offrir des dangers au point de vue de la préparation des médicaments ou simplement du contact. Les infirmières protestèrent qu'aucun de ces inconvénients n'était à redouter chez des femmes obligées, par profession, à se laver les mains, vingt ou trente fois par jour, dans de l'eau phéniquée.
Menacées de révocation, si elles persistaient à fumer, les « nurses » de Clerkenwell ont donné leur démission. Et, dans les autres hôpitaux de Londres, ces demoiselles, parmi lesquelles il est aussi beaucoup de fumeuses, ont organisé la résistance.
C'est la révolution qui s'annonce... Les droits de... la femme, en attendant la Terreur.

Les annales politiques et littéraires

14 novembre 1897

 La traction par ballon - 1897

La traction par ballon

Amateurs de sensations émouvantes, réjouissez-vous !
Il devait être réservé à cette fin de siècle de voir ce spectacle assurément peu banal.. Après la traction par la vapeur, par l'air comprimé, par l'électricité, voici qu'on va essayer la traction par ballon, non pas en Amérique, le pays des inventions excentriques, mais dans notre vieille Europe, en Bavière, et cela avant la fin de l'année.
Il s'agit d'un chemin de fer de montagne partant de Bad-Reichenhall et destiné à conduire les touristes au sommet du Hochstauffen.

Au lieu d'être remorqué par une locomotive à crémaillère, comme au Righi par exemple, le train, composé de deux ou trois wagons, sera " enlevé " par un ballon de vingt mètres de diamètre ayant une force ascentionnelle de cinq mille kilogrammes.

La ligne, d'une longueur de deux kilomètres et demi environ, est formée d'un rail unique sur lequel roulent les voitures aériennes, maintenues verticales et traînées à la fois par l'aérostat. Pour la descente, il suffit de charger dans la nacelle une quantité déterminée de lest qui, servant de contrepoids, ne permet au ballon d'utiliser que la force exactement nécessaire pour combattre l'effet de la pesanteur et prévenir une dégringolade dangereuse.

APL 19 décembre 1897

 Dentiste - Fig. 24/05/97

Nous avons signalé, ces jours derniers, la démonstration faite 21, rue Lauriston, devant un groupe de médecins, par un dentiste américain. Ajoutons que cette expérience est parfaitement concluante et que le docteur américain Sylvestre est le seul de tous les dentistes qui pose les dents artificielles directement sur la gencive, sans attache ni racine. Cette opération est faite sans la moindre douleur et les dents posées par ce procédé sont d'un naturel qui défie l'examen le plus méticuleux. C'est véritablement une invention merveilleuse et, inappréciable au point de vue de la beauté comme de la santé.

Le Figaro - 24 mai 1897

 La visite du président de la Rép

La visite du président de la République à l'hospice des vieillards de Boulogne

Le président de la République, accompagné général Tournier, des commandants Humbert et Legrand et de M. Le Gall, a quitté, hier, l'Élysée, à deux heures vingt, pour inaugurer le nouvel hospice des vieillards de Boulogne sur Seine.

Reçu au milieu des fleurs, des drapeaux et des vivats par le ministre de l'intérieur, les présidents du conseil municipal de Paris et du conseil général, les préfets de la Seine, de-police, MM. Poirrier, sénateur; Rigaud, député; Escudier, Peyron, etc., M. Félix Faute a répondu aux allocutions de M. Jochum, maire de Boulogne; Gervais et de Selves, par la remise de la rosette d'officier de l'instruction publique à M. Jochum, des palmes académiques à MM. Chevalier, secrétaire de la mairie de Boulogne, Gionnier professeur à l'Association philotechnique, et de la croix du Mérite agricole à MM.. Vidal-Beaume et Chartier.

Au cours de la distribution des médailles d'honneur, l'un des médaillés, vieux garçon de chantier, comptant plus de trente ans de services, voulait absolument, dans sa joie, embrasser lé président.

― On ne donne l'accolade, lui a fait observer M. Félix Faure, que lorsqu'on remet la Légion d'honneur nous verrons plus tard.

La visite de l'hospice a commencé par les dortoirs des  femmes, s'est poursuivie par les bâtiments réservés aux hommes, les cuisines, la machinerie, et s'est terminée par les réfectoires, dans l'un desquels un lunch avait été servi.

M. Gervais, président du conseil générale a porté un toast à la santé du président de la République, qui s'est  retiré, très acclamé, ainsi que M. Barthou.

Le Matin ― 18 mars 1897

Le Journal de 1897

Le journal de 1897 et des environs doit être vu avec un exploreur prenant en charge la mise en colonnes.
Chaque page se crée quand vous la consultez.
Les textes en ligne sont des reflets de la société française de la fin du XIXème siècle. La question est : "le Monde change-t-il vraiment ?".

                 Bonne lecture

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