La police devra-t-elle assiéger dans la cité Jeanne-d'Arc
Henri Odoux
qui blessa sa voisine ?
Le Journal ― 23 septembre 1935
La cité Jeanne-d'Arc, dont on connaît les titres à une triste célébrité,
a été encore, hier soir, le théâtre d'un drame sanglant. Une mère de famille,
une jeune femme, a été sauvagement égorgée par un alcoolique sans que les voisins,
terrorisés, aient osé intervenir.
Dans l'immeuble plusieurs fois séculaire, aux murs visqueux et noirs qui
fait l'angle entre la cité et la rue Jeanne-d'Arc, à la hauteur du numéro 73
de cette voie, habite M. Royer, 33 ans, manœuvre, sa femme, Hélène, 29 ans,
et ses deux enfants, âgés respectivement de 5 ans et de 2 ans. Le ménage a pour
voisin dans la longue galerie sur laquelle s'ouvrent les taudis, le chiffonnier
Henri Odoux, 50 ans.
Henri Odoux, dont l'état habituel est l'ivresse, est un individu considéré
comme très dangereux par son entourage. De plus, il était ces temps derniers
atteint de la maladie de la persécution. Sa rancune de brute se porta tout d'abord
sur les concierges. Il accusait ceux-ci d'avoir fourni de mauvais renseignements
sur un de ses amis qui avait été victime d'un accident d'auto. Puis. le chiffonnier
classa subitement au nombre de ses ennemis ses voisins, les époux Royer.
L'autre soir, on le vit rentrer chez lui, l'œil plus mauvais que d'habitude.
En passant devant la loge il avait jeté cette menace entre ses dents :
« Faudra que j'en descende deux ! »
L'alcoolique n'avait pas proféré une vaine menace. Hier soir, à 21 heures
30, tapi dans les ténèbres de son corridor, un couteau à la main, il guettait...
Et quand l'infortunée Mme Royer sortit de son logement, le furieux se jeta
sur elle et lui porta un coup de couteau à la gorge.
La malheureuse eut la force d'appeler à l'aide. Son mari accourut et des
voisins demandèrent du secours par les fenêtres. Mais déjà, le meurtrier avait
pris la fuite. à toutes jambes.
Transportée à l'hôpital de la Pitié, la blessée a déclaré que son agresseur
l'avait frappée sans la moindre provocation. Son état est assez grave.
Tard dans la soirée, l'émotion était encore vive dans la cité, d'autant plus
que le bruit courait que le criminel avait regagné son logement et qu'il s'y
barricadait, décidé à défendre farouchement sa liberté.
Il est vraisemblable que ce matin de bonne heure la police devra l'assiéger.
La cité Jeanne-d'Arc vers 1900
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La suite des événements
Communiqué
Dépurez-vous
La cure d'iode
Elle est indispensable en cette saison
Tous les médecins recommandent de faire, en cette saison où le sang
travaille, une cure dépurative. Elle s'impose non seulement aux
intoxiqués généraux, aux arthritiques, aux artérioscléreux, aux obèses,
aux bronchiteux, mais aussi aux bien portants qui veulent nettoyer et
donner plus de force à leur sang, condition primordiale d'une bonne
santé.
La cure dépurative se fait de la façon suivante : on se procurera de
l'iode non toxique (Vasculose Cocset) et on en prendra trente gouttes
deux fois par jour pendant trois semaines. Au besoin, si l'on se sent
particulièrement intoxiqué — malaises, migraines, lassitude — on
continuera la cure pendant trois autres semaines. L'iode parcourt
l'organisme, brûle les déchets, détruit les poisons, purifie le sang et
le fortifie. Le sang allégé circule mieux dans les artères
désincrustées, la tension artérielle baisse, les varices, les
hémorroïdes et les accidents féminins du retour d'âge s'atténuent et
disparaissent. Rhumatisants et goutteux ressentiront un soulagement
assez rapide mais ils devront prolonger la cure jusqu'à ce que les
douleurs aient complètement disparu. La cure d'iode est absolument sans
danger, si on la fait au moyen de la Vasculose Cocset, qui est de l'iode
« stabilisé » grâce à son association avec des extraits végétaux. Cette
préparation s'obtient dans toutes les pharmacies en flacon à 10 fr. 95.
Bien demander au pharmacien de la Vasculose Cocset et non pas simplement
de l'iode pur qui pourrait causer des accidents d'intolérance.
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