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UNE ÉVOCATION DU 13ÈME ARRONDISSEMENT DE 1860 AUX ANNÉES 30

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Lu dans la presse...

L'ancienne nécropole Saint-Marcel

Une large tranchée est actuellement creusée, pour l'établissement d'une conduite cimentée, sur le trottoir, à l'extrémité du boulevard St-Marcel, près de l'avenue des Gobelins. (1913)

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La reconstitution des Gobelins

On sait que la reconstitution partielle des Gobelins fut entreprise, il y a près de deux ans, sous l'habile direction de MM. Formigé et Jossely.
La façade du nouveau, bâtiment est déjà en partie débarrassée, de ses échafaudages. (1913)

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La passerelle de la Maison-Blanche

Tout un coin du quartier de la Maison-Blanche est en fête : dans quelques jours on inaugurera solennellement la nouvelle et légère passerelle métallique qui, passant au-dessus des voies du chemin de fer de Ceinture, à la Glacière, relie maintenant entre eux deux points jusqu'à présent fort éloignés l'un de l'autre. (1907)

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Une masure s'effondre au « Camp marocain »

À deux pas de la porte d'Italie, dans un grand espace situé rue Bobillot, se trouve une succession de masures misérables qui furent habitées, il y a une vingtaine d'années, par des nomades africains, prompts à jouer du couteau. (1910)

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Les quartiers pauvres

Les quartiers pauvres et populeux de Paris sont négligés ou dédaignés par l'administration, tandis que les quartiers élégants sont « embellis » à grands frais.
Cette iniquité, à laquelle personne ne songe, et dont beaucoup de citoyens ont malheureusement à souffrir, a fini par provoquer les plaintes légitimes des habitants du 13e arrondissement, c'est-à-dire du coin abandonné qui comprend la route d'Italie, les Gobelins, la Bièvre et la Butte-aux Cailles. (1869)

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Un syndicat d'indigents

La cour des Miracles était hier soir en grand émoi ; elle avait transporté cahin-caha, béquillant et gesticulant, ses pénates dans le quartier de la Gare, rue Nationale, tout là-bas, au bout de Paris, près de la barrière d'Italie. Il faut dire que le 13° arrondissement a un maire, M. Thomas, « qui fait des économies sur les fonds alloués par la Ville au service de bienfaisance, et qui, cette année, a rendu 50,000 francs à l'Assistance publique ». (1897)

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L'épidémie de la Maison-Blanche

Au moment où le service de statistique municipale constatait avec satisfaction une décroissance notable de la mortalité dans Paris, une épidémie éclatait dans un quartier excentrique et y jetait l'effroi. Le quartier contaminé est celui de la Maison-Blanche, situé dans le treizième arrondissement, sur les bords de la Bièvre. (1890)

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La reconstruction des Gobelins

Il paraît décidé qu'on conservera pieusement les ruines de la Cour des Comptes, comme souvenir de 1871. Mais il est un autre monument, également ruiné par la Commune et dont la vue séduit beaucoup moins : la façade de la manufacture des Gobelins « provisoirement » remplacée par une construction en platras et une palissade en planches. (1891)

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Sauvons les Gobelins !

Dans la pénurie lamentable des crédits affectés aux beaux arts, le budget des Gobelins est peut-être le plus précaire. (1912)

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La voiture de la Mie de Pain

Souvent nous avons parlé de cette gentille œuvre la Mie de Pain, qui a rendu depuis six ans de si grands services aux pauvres de la Maison-Blanche. (1897)

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Les travaux à réaliser dans le XIIIè

La revue "Les Annales industrielles" a dressé la liste des travaux de voirie à réaliser dans le XIIIè arrondissement (1893)

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Les prochains grands travaux de Paris

Sur l'emprunt de 900 millions, dont la majeure partie doit servir à exécuter dans Paris de grands travaux de voirie (ce qui n'exclut pas ceux qui ont été décidés antérieurement à l'adoption de ce vaste plan de campagne), les quatre quartiers du treizième arrondissement auront une assez forte part. (1910)

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La crue persiste

Au service hydrométrique, on escompte la cote de 5m. 20 à Paris-Austerlitz d'ici
à lundi matin et on espère qu'elle ne sera pas sensiblement dépassée. (1910)

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Assainissement de la Bièvre

Le préfet de la Seine a déclaré d'utilité publique l'assainissement de la vallée de la Bièvre aux abords de la rue du Moulin-des-Prés. (1897)

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Le XIIIè arrondissement, décor de roman

 

 La petite Miette

La petite Miette

par Eugène Bonhoure (1889)

TROISIEME PARTIE

En arrivant, au coin de la rue Jenner, il aperçut le vieux Poil-aux-Pattes qui accourait en gesticulant.

— Patron! patron! courez vite là-bas. On vous réclame. Il y a un malheur.

— Un malheur ! s'écria Furet.

— Oui, patron... La petite a disparu.

VI
Furet sur la piste

Furet partit tout courant. Il trouva Mme Reynaud folle de douleur et de colère. Elle parlait de s'adresser à la justice, de porter plainte. Puis, elle voulait courir chez Valdonnier. Si ce n'avait été son extrême faiblesse, elle y serait allée sur le champ.

— Attendons Furet, lui disaient Julie et la mère Fricotte. Quand Furet sera là, nous verrons que faire.

Le premier cri de Furet, en arrivant, fut :

— C'est ce bandit qui nous l'a reprise.

— Mais nous la lui reprendrons ! s'écria Marie. C'est ma fille, à présent et personne ne peut me la refuser.

— Sans doute, dit Furet. Mais il faut d'abord savoir où elle est. Comment a-t-elle disparu ? Quelqu'un a-t-il vu ce brigand… ou sa femelle ?

— Non, personne. La petite était allée chez le pharmacien porter l'ordonnance du docteur. Et elle n'est pas revenue. Alors, je suis allé voir. Le pharmacien m'a répondu qu'elle avait attendu un bon moment que la chose fût prête, mais qu'elle était partie déjà depuis une heure au moins. Et depuis personne ne l'a vue.

— Où demeure le pharmacien? demanda Furet.

— Au coin de la rue Corvisart et de la rue Croulebarbe.

— Est-ce qu'il y a deux chemins pour y aller ?

— Oui, peut-être. on peut passer par le boulevard. Mais, c'est plus long. Elle a pris par la rue des Reculettes. C'est toujours par-là que nous passions quand nous y allions ensemble.

— Attendez-moi cinq minutes dit Furet, je vais voir.

Il revint au bout d'une demi-heure, un petit paquet à la main.

— C'est clair comme le jour, fit-il. Elle a été enlevée au détour de la rue des Reculettes.

— Comment le savez-vous ?

— Oh ! ça n'est pas bien malin. Ce méchant boyau de rue en zig-zag n'est pas balayé tous les jours, et il n'y passe jamais personne, ce n'est pas pavé, de sorte que les voitures et même les piétons y laissent leur trace. Je viens d'examiner la rue. Personne n'y est passé depuis l'affaire. Eh! bien, il est sûr que depuis plusieurs jours on vous guettait.

— On nous guettait ? Mais comment pouvez-vous le savoir ?

— Miette a été enlevée dans la rue et ceux qui l'ont enlevée, car ils étaient deux, un homme et une femme, ont stationné là longtemps et ils y sont venus plusieurs fois.

— Un homme et une femme ? M. Valdonnier et Sarah.

— Non, ce ne sont pas eux. Mais laissez-moi vous conter ce que j'ai vu, et vous comprendrez.

Au coin de la rue des Reculettes et de la rue de Gentilly, tout près du mur, il y a un endroit battu, où certainement on a monté la garde longtemps. Et c'est une femme, qui guettait. Cette femme, de temps en temps, probablement quand il venait quelqu'un, passait derrière le mur, dans le terrain vague qui est avant d'arriver au bout de la rue. Il y avait un homme, là, un homme qui fumait la cigarette, car il y en a des douzaines de bouts par terre. Et des cigarettes drôlement faites encore. Preuve qu'on a guetté longtemps. Et il y en a qui ont été mouillée par la pluie. Preuve qu'on guettait depuis au moins avant-hier, puisque c'est hier dans la nuit qu'il a plu.

L'homme est resté longtemps assis sur une grosse pierre et il s'ennuyait ferme. Il a creusé la terre avec son talon, à petits coups. Ça veut dire qu'on trouve le temps long à ce travail-là. D'ailleurs, il y a de la cendre de tabac, des allumettes et des bouts de cigarettes tout plein autour de ce caillou. L'homme est chaussé de souliers à clous et il a des guêtres. À chaque coup de talon, ses guêtres se marquaient dans la terre qui se soulevait et se tassait derrière son pied.

Il était là avant que Miette passât dans la rue. On voit ses pas qui viennent du côté de la rue Croulebarbe et, près du mur, Miette qui courait, a marché dessus. Elle courait puisque son talon est à peine marqué, et elle appuyait sur les pointes. Après que Miette a été passée, l'homme est parti, marchant très vite. La femme a dû suivre Miette. Elle est allée jusqu'au bout de la rue. L'homme est allé chercher une voiture — le fiacre 2135 —  et il l'a conduite au second tournant de la rue des Reculettes.

— Comment! vous savez le numéro du fiacre! Alors nous allons savoir où elle est ! s'écria Marie.

— Non, madame, non. L'homme a pris le fiacre, mais il n'a pas pris le cocher. Il a simplement emprunté la voiture pendant que le cocher déjeunait. J'ai su ça par le marchand de vin de la rue Croulebarbe. La voiture est restée là un bon moment. Le cheval a piétiné et l'homme a fait deux cigarettes. La femme montait la garde au coin de la rue Croulebarbe. Quand Miette est passée, en revenant, on a dû la prendre par surprise, parce qu'elle a traversé la rue pour aller jusqu'à côté de la voiture. Ses pas sont marqués dans la boue, au milieu de la rue. Et quand on l'a attrapée, elle a dû se débattre, car voilà le paquet du pharmacien qui a été jeté à quelques pas derrière la voiture.

— Elle a pu le jeter de dedans la voiture, voiture, qu'elle marchait.

— Non. La voiture est partie du côté de la rue Croulebarbe et le paquet se trouvait du côté de la rue de Gentilly. Et la voiture s'en est allée grand train. Elle a tourné dans la rue Croulebarbe et gagné le boulevard. Et là on ne voit plus rien.

—  Mais comment êtes-vous sûr que ce n'est pas M. Valdonnier et Sarah ?

—  M. Valdonnier fume le cigare ou la pipe et la Sarah n'a pas des pieds comme ceux de la femme, des pieds tout petits, chaussés d'escarpins sans talons. Et la femme est plus petite que Sarah.

— Ah! par exemple ! fit la Fricotte. Alors, on l'a vue !

— Non, personne n'a vu ni l'homme ni la femme.

— Alors comment pouvez-vous dire si elle est petite ou grande ?

— Pendant que la femme guettait au coin de la rue de Gentilly —  et elle a dû y guetter longtemps, pendant plusieurs jours elle s'appuyait contre le mur. Il y a de la mousse et de petites plantes, plein la muraille. Elle les a froissées, et elle a arraché la mousse avec ses doigts à l'endroit où elle a appuyé la main. L'endroit où son épaule a froissé les plantes est de quatre doigts plus bas que l'endroit où vient la mienne, même en me courbant, comme on fait quand on guette. La femme est donc plus petite que moi et comme Sarah est plus grande, ce n'est pas elle. D'ailleurs Sarah n'a pas ce pied là.

— Mais q ii cela peut-il être. Qui donc a intérêt à enlever ma fille, si ce n'est M. Valdonnier.

— Ça, c'est autre chose. Que ce soit cette canaille qui ait fait faire le coup, c'est possible, c'est même probable quoique… peut-être… Mais ça c'est une chose que nous saurons quand nous voudrons. Il n'y a qu'à aller trouver M. Valdonnier.

— J'y allais, dit Marie.

— Ah! voilà… faut réfléchir un brin. Vous comprenez bien que s'il n'est pas venu la réclamer ouvertement, carrément, c'est qu'il se doute bien que vous avez fait ce qu'il faut pour ne pas la lui donner. S'il nous l'a fait voler, c'est qu'il savait bien que vous pouviez la lui refuser. Alors, naturellement, il a fait le coup en cachette. Il vous dira qu'il n'en sait rien. Il est capable de vous reprocher de l'avoir laissé enlever. Que sait-on ce dont ce gredin-là est capable. Et, sans vous faire tort, madame, vous n'êtes pas de force avec un filou comme celui-là. Il vous roulerait que vous n'y verriez rien... Et pourtant. il faut y aller, car il est bien clair qu'il ne viendra pas vous trouver. Ce serait vendre la mèche. Vous comprenez. Oui… il faut y aller. Mais. si vous voulez, madame, j'irai avec vous.

— Volontiers, j'allais vous le demander. Allons vite.

A suivre

sans titre 2

© paris-treizieme.fr pour la transcription du texte