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SAVIEZ-VOUS QUE...

Un bureau de poste auxiliaire ouvrit le 1er octobre 1894 au 80 du boulevard de la Gare.


Le 2 décembre 1923, le quotidien Paris-Soir rapportait qu'avenue des Gobelins, en face du 51, des agents avaient surpris Marcel Popinel, demeurant en hôtel, rue Lebrun, qui avait percé un fut de vin. Le pipeur a été conduit au commissariat de police du quartier.


Le Paris-Soir du 24 octobre 1932 rapportait que, rue de la Glacière, un magasin de jouets affichait sur sa porte cette pancarte : « Ici on remplace les mauvaises têtes » et commentait en écrivant : « Quel dommage que cette chirurgie miraculeuse ne puisse encore s'appliquer qu'aux belles poupées de porcelaine rose ! »

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C'est arrivé dans le 13ème

 Folle de misère - 1909

Folle de misère

Le Journal — 18 janvier 1909

Une jeune femme vêtue de haillons qui, depuis quelques instants, se livrait, hier matin, place d'Italie, à d'inquiétantes excentricités, s'arrêta soudain lorsqu'il y eut autour d'elle un cercle de badauds assez compact et rejetant ses guenilles apparut bientôt sans voile. Un agent intervint, pour mettre fin au scandale. Ce ne fut pas chose facile. L'inconnue se démena en effet et à coups de dents, à coups de pied, tenta de se dégager. Elle fut enfin maîtrisée, enveloppée dans une couverture et transportée au commissariat du passage Sicault.

C'était une jeune femme, Octavie Liégard, âgée de vingt-trois ans, sans domicile connu, que la misère avait rendue folle.

Elle a été envoyée à l'infirmerie spéciale du Dépôt par M. Simard, commissaire de police du quartier.


 Une femme carbonisée

Une femme carbonisée.

Le Matin - 24 novembre 1900

Une dame Michel, âgée de quatre-vingts ans, habitant 44, avenue de Choisy, a été trouvée, hier soir à dix heures et demie, presque entièrement carbonisée. L'octogénaire habitait, comme sous-locataire des époux Ladret, marchands de vin, qui tiennent un établissement à l'adresse susindiquée, une petite chambre au premier étage. Mme Ladret n'ayant pas vu, hier, selon son habitude, la vieille femme vaquer à ses occupations ordinaires, fit part à M. Remongin, commissaire de police, de ses inquiétudes. Le magistrat, accompagné du docteur Gresset, arriva aussitôt et fit enfoncer la porte. L'enquête conclut à une mort accidentelle.

On suppose, en effet, que Mme Michel, en voulant allumer sa chaufferette avec un morceau de journal, a communiqué le feu à ses vêtements. Elle s'est ensuite dirigée vers la fenêtre, afin d'appeler au se- cours, mais ses appels n'ont pas été entendus. C'est en cherchant à ouvrir la porte derrière laquelle on a trouvé son cadavre qu'elle paraît avoir succombé à l'asphyxie. Le docteur Gresset estime, en effet, que l'octogénaire était morte lorsque son corps a commencé à brûler.


Une promenade dans le 13ème



La Tournée

V. - AUTOUR DE LA BUTTE-AUX-CAILLES

Le pays aux biffins

La poterne des Peupliers passée et le pont du chemin de fer de ceinture, la rue Brillat-Savarin et la rue des Peupliers commencent et tout de suite, divergent.

Celle-ci est bordée, à droite, de maisons de bois, de torchis, de masures (ce sont les restes du Petit-Gentilly banlieusard du siècle passé) et, à gauche, d'immeubles en pierre, d'usines modernes en fer. Les deux siècles s'affrontent. Elle mène, par une pente relevée vers une place d'un aspect unique : la place des Peupliers, qui est plantée de platanes.

On s'aperçoit ici qu'un énorme nivellement a été nécessaire pour faire de ce pavé un chemin plan. Pour racheter le vallon et le muer en penchant de coteau, il a fallu enfouir dans le terrain marécageux une masse énorme de matière solide. Pour conduire la voie, par une pente docile, à la chaussée relevée de la rue Tolbiac, ç'a dû être un labeur romain. Il est vrai, les biffins avaient préparé le travail et amoncelé une masse d'ordures inoubliables qu'il a fallu revêtir ensuite de terre et de gravier, enfin de macadam et de bois de pavage, pour y emprisonner à jamais les germes de vingt épidémies universelles.

La moitié de la Ville Lumière est d'ailleurs bâtie sur les voiries officielles (il en fut) pu non. La butte des Moulins (Opéra, Saint-Roch), la butte Coupeau (Jardin des Plantes), la butte Bonne-Nouvelle, le monceau Saint-Gervais, etc. n'étaient à l'origine que des dépôts de gadoues, des centres de chiffonnage. Je ne doute point qu'ils ne fussent des réservoirs de pestes et de choléras. C'est miracle que la vie s'y soit développée et l'historien Fournier, ce fol, était bien fondé à croire à la prédestination de Paris.

Le quartier de la Bièvre naissait à la vie de Paris a été la capitale de la Chiffonnerie. On se souvient d'un temps, peu éloigné, où la petite place des Peupliers qui sépare, de la cité-ouvrière de la rue du Moulin-des-Prés, l'ineffable Colonie, était une belle esplanade polygonale, bordée de huttes calédoniennes. On se fût cru à Tahiti, après un naufrage. Des naturels, souillés de suie et de lie, y brassaient les épaves et les résidus d'un monde, et en commerçaient.

Si quelque jour on songe à honorer le prodigieux épargnant qu'a été le chiffonnier, l'amasseur merveilleux de miettes qu'on estimerait, si on évaluait les déchets, à milliards de francs, c'est là qu'il faudra élever sa statue. Quel Constantin Meunier rendra hommage à la mission du biffin ? « A la chiffonnerie, la Société reconnaissante ! »

Les commerces et les industries essentiels sont tributaires, comme on parle à l'Institut, de cette Racaille, heureuse de peu, qui épargne la matière première au fonds universel. Dans ce temps de production intensive, on ne rend pas justice à cette population qui a le génie de tirer de l'ordure une vie quotidienne. L'administration la brime, la foule la méprise, mais elle persévère pour un peu de pain, à fréquenter l'innommable et à proliférer parmi les pestes endormies.

Il y a à gauche, dans la rue des Peupliers, perpendiculaire et neuve, la rue Kuss. La Ville a acheté les terrains où elle doit passer et projette de pousser, à travers le massif glaiseux, vers la rue de la Fontaine-à-Mulard. Le sol se relève de deux ou trois mètres ; c'est là un reste de butte, autour de quoi tournait la Bièvre. Un fouillis de jardinets, encagés en du fil de fer, s'y révèle, avec des huttes délabrées, une colonie étonnante d'agriculteurs comme on n'en voit qu'ici. Au niveau d'un premier étage, on fait pousser des salades. Entre d'énormes immeubles industriels et des bâtiments en béton armé, des citadins ont creusé dans la glaise ou le calcaire des caves où ils se logent à la façon des montagnards. Les cabanes basses, goudronnées comme des coques de bateaux fument calmement derrière des haies drues et des buissons arborescents. Ce massif est contenu, rue Brillat-Savarin, par un mur fait de gros blocs moussus, rongés, qui portent deux ou trois cents ans d'âge, qui a connu les grandes inondations de la rivière supprimée.

A voir également : Ouverture de la rue Kuss

La population était, il y a quelques années, la même qu'aux confins de Paris, fort mêlée, misérable et vivant de peu ; sa physionomie décelait un genre de vie commun aux chats de gouttière, aux biffins et aux mâtins.

Je crois bien que j'ai rencontré la naïade de la Bièvre, rue Kuss. Elle n'était pas comme les autres enfants de ce pays, neutres et barbouillés uniformément. Une petite fille à l'œil de pervenche, coiffée d'une soie vierge qui lui tombait jusqu'aux yeux, était assise au bord d'un trottoir. De loin, elle suivait, comme une chatte inquiète, les mouvements d'un mécanicien, qui, enfoui dans le capot d'une automobile, fouillait les entrailles de la mécanique, avec un affairement de médicastre.

L'enfant était vêtue d'un sarrau noir qui l'enveloppait, de l'uniforme des pauvres, et ses deux mains tachaient d'empêcher le veut ou le regard du passant de pénétrer dans ses dessous haillonneux. Elle était chaussée d'étonnants souliers à semelles de bois, faits d'un cuir sans brillant, si bien qu'on eût dit qu’elle avait des sabots de faunesse.

Enfant de biffin ! Image du vieux quartier ! Elle devait habiter une roulotte ou une de ces paillotes de la butte voisine. De la vie primitive presque animale, elle passe, une fois qu'elle a franchi la rue au moderne le plus récent, aux merveilleuses maisons en mâchefer de la cite ouvrière, à l'automobile pétulante, au tram électrique qui déchire, dans un vacarme, la paix relative du quartier, surtout à l'hôpital de la Croix-Rouge de la place des Peupliers.

La Bièvre se détournait au delà de la place, enveloppant la colonie de huttes, qui se délabrait et qui a disparu ou presque, désertée, rebâtie. Elle passait rue du Moulin-des-Prés. La rue de Tolbiac et la rue Bobillot ont comblé son lit qui venait, sinuer non loin de la butte où s'élève l'église Sainte-Anne de la Maison-Blanche. 

Elle revenait vers la rue de la Colonie et la rue de la Fontaine-à-Mulard qui mène à l'autre lit de la Bièvre, vers la place de Rungis où Verlaine venait boire un petit vin blanc matinal parmi les maraîchers et les maçons.

L'étroite rué de la Fontaine-à-Mulard a gardé tout un côté rural. Son mur, en bas, est encore verdi comme une berge. Ses maisons avaient des cours, des jardins sur la rivière, des arbres. On a élargi le boyau médiocre. Des usines énormes, faites de briques et de fer, s'élèvent sur le sol remblayé.

Les maisons qui donnaient sur, la Bièvre, entre les rues Brillat-Savarin et de la Fontaine-à-Mulard, avaient des porches charretiers, de hautes poutres, des cours à balcons de bois, des escaliers extérieurs. L'agriculture et la petite industrie ont régné là. La pierre et le bois seuls ont servi- Le fer n'apparaît point, ou comme un auxiliaire. Et le pêcheur à la ligne pourrait taquiner l'ablette depuis sa fenêtre.

Après avoir sinué et formé des étangs, dont l'un, en 1850 ou 1860, figurait encore sur les cartes, la Bièvre revenait (d'ouest au nord) vers la rue Wurtz, qui marque assez la direction de la vallée. Il n'y a pas vingt ans, cette bande de terrain qui va du boulevard Auguste-Blanqui à la rue de Tolbiac n'était pas mieux bâtie que le territoire qui jouxtait les fortifications. C'étaient des usines, tanneries, blanchisseries, des terrains vagues. Le lit de la rivière, privé de son eau courante, était usurpé par l'eau des puits ou de la Seine. Les berges mal remblayées, les flancs voisins de la Butte-aux- Cailles, à peine tracés de rues abruptes, faisaient songer à quelque pays désolé.

À présent, les immeubles se pressent partout, La terre disparaît avec la verdure, les grands ciels. Le pavage l'asphalte, l'immeuble; la nature n'est plus représentée que par quelques buissons; des arbustes poussant timidement sur des coins oubliés de la berge.

La rue Daviel, la villa Daviel, qui est une sorte de cité, un groupe de pavillons uniformes, des usines immenses s'établissent sur les plis du vallon et gagnent la Butte-aux-Cailles. À l'angle de la rue Vergnaud et de la rue Wurtz, s'élève une petite église de style sévère, une chapelle comme on en voit dans les cimetières riches. C'est le temple du culte Antoniste. On y fait, dit un tableau manuscrit, des lectures de textes où le père Antoine a, je suppose, fixé sa sagesse. Le temple est ouvert jour et nuit — ajoute l'inscription — aux personnes qui souffrent.

Le Juif Phatir, qui se réfugiait, au temps de Chilpéric, dans Saint-Julien-le-Pauvre, si on le pourchassait, aujourd'hui, devrait-il courir jusqu'ici à cette chapelle sans majesté ?

Paris pullule et enfle ici prodigieusement la densité de sa population. Des rues droites, neuves, damassent l'ancienne campagne de 1860, où rossignolait la Bièvre, et, n'eût été la trêve des années de guerre et d'après-guerre, on n'y trouverait plus un mètre d'espace libre.


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